Cette communication se penche sur les relations ambivalentes entretenues par les sciences psychologiques et médico-psychologiques de la seconde moitié du XIXe siècle avec le « moi » des philosophies spiritualistes, entendu comme objet d'introspection, substance simple et principe actif. A cette conception traditionnelle du sujet psychologique, médecins (Charcot et ses élèves, Luys) et psychologues (Ribot, Janet) opposent des faits d'observation divers qui mettent au premier plan des sujets dissociés et des phénomènes psychiques automatiques. Mais si le moi des philosophes constitue souvent pour les sciences psychologiques une cible à déconstruire ou à tourner en dérision, il ne leur en offre pas moins, sur un mode critique, un programme de recherche qui donne une cohérence et une finalité à leurs investigations. De plus, la méthode pathologique employée par cette psychologie laisse souvent ouverte la question de savoir si le « moi » du sujet normal, par opposition à celui du sujet pathologique, est conforme à la description qu'en donne les philosophies spiritualistes. Cette communication interrogera donc la place paradoxale de cette référence à la métaphysique (et à sa disqualification) dans ces recherches qui se disaient positives et scientifiques.