L'objectif de cette intervention sera d'examiner un débat au sein de l'école spiritualiste, autour du sens de la vie ou sens vital, qui succède aux polémiques vitalistes, inaugurées en 1858 par le texte de Francisque Bouillier autour de l'unité du principe vital et de l'âme pensante. L'enjeu du débat est de déterminer à quoi renvoie cette sensation de la vie en nous : s'agit-il d'un fait psychologique par lequel l'âme prend conscience de l'activité du corps et des organes, ou bien d'un sentiment métaphysique par lequel l'âme prend conscience que sa propre activité est source de la vie et principe du développement du corps. S'agit-il donc d'un fait positif ou métaphysique ? Dans l'interprétation de ce fait se joue en réalité divers sens possible du statut du corps dans la pensée spiritualiste, ainsi que différentes prises de position par rapport à la médecine physiologique. On étudiera les enjeux de ce débat chez Louis Peisse, Francisque Bouillier, Albert Lemoine ou encore Paul Janet, et on essaiera de montrer que se joue dans cette interaction autant la genèse de la notion de cénesthésie, qu'élaborera la psychologie expérimentale de Théodule Ribot, qu'une conception originale et spiritualiste du corps propre.