Pierre Boutroux, mort prématurément en 1922, quelques mois après son père, Emile Boutroux, et dix ans après son oncle, Henri Poincaré, est une figure méconnue de la philosophie et de l'histoire des sciences française du début du siècle. Mathématicien de formation (travaillant sur la théorie des fonctions analytiques), il s'est peu à peu tourné vers l'histoire de la philosophie (il a participé à l'édition des oeuvres de Pascal, et a écrit sur Descartes) et l'histoire et la philosophie des mathématiques (il a notamment publié Les Principes de l'analyse mathématique, exposé historique et critique et L'Idéal scientifique des mathématiciens dans l'antiquité et dans les temps modernes). Il était, au moment de sa disparition, récent titulaire de la chaire d'histoire des sciences au collège de France (chaire qui ne lui survivra pas). Mon intervention vise à montrer que Pierre Boutroux développe une pensée originale, qui prend racine dans la notion très particulière (ni intensionnelle, ni extensionnelle) de fonction que l'on trouve en analyse complexe à cette époque, et qui intègre de façon extrêmement cohérente des éléments centraux du spiritualisme français.