Le but de mon intervention est d'aborder la question du rapport entre science et métaphysique au cours du long XIXe siècle en en faisant ressortir les enjeux pédagogiques et disciplinaires. Pour ce faire, je vais me concentrer sur deux cas apparemment éloignés : ceux de Louis Liard (1846-1917) et de Léon Brunschvicg (1869-1944). De prime abord, il n'y aurait aucun lien entre eux: ils appartiennent à deux générations différentes et, lorsque Liard fut effectivement un réformateur de l'enseignement universitaire, Brunschvicg est passé à l'histoire comme un philosophe idéaliste très éloigné des questions pratiques de son temps. Pourtant, tout comme les doctrines philosophiques de Liard, influencées à la fois par le spiritualisme de Lachelier et le criticisme de Renouvier, orientèrent sa conception de l'éducation nationale, l'« idéalisme critique » professé par Brunschvicg était plein d'implications pédagogiques. Ces dernières sont explicitées dans plusieurs séances de la SFP et dans un livre, publié sous un faux nom, intitulé Un ministère de l'éducation nationale (1917), où Brunschvicg propose sa conception de l'enseignement secondaire et supérieur, en se livrant aussi à une évaluation du projet liardien.