Les deux moi de Bergson: la longue durée de la durée
Giuseppe Bianco  1@  
1 : Université Libre de Bruxelles [Bruxelles]  -  Site web

La publication de l'Essai sur les données immédiates de la conscience (1889) et de Matière et mémoire (1898) marque un tournant dans la longue bataille pour la définition des sciences de l'homme. Dans ses premiers écrits Bergson tente de définir une zone de juridiction réservée à la philosophie, isolant son domaine d'objets, le moi profond, de celui propre aux sciences naturelles ; Bergson met également en relation la philosophie avec les nouvelles sciences de l'homme et notamment avec la psychologie et la psychométrie. Cette opération implique une redéfinition implicite de trois termes : philosophie, psychologie et métaphysique. Mais s'agit-il vraiment d'une “révolution philosophique” ? Quel est le contexte épistémologique dans lequel Bergson inscrit sa recherche, contexte qui n'est visible que dans les notes et dans quelques allusions contenues dans ces textes ? Quelles sont les sources ayant contribué à la formation de la notion de durée ? Dans ma présentation je tente d'évaluer la réelle portée de l'opération bergsonienne, en l'inscrivant dans le nouveau contexte épistémologique propre aux années 1870-1880 ainsi que dans la longue durée, à savoir dans le cadre de la confrontation entre philosophie “spiritualiste” française et savoirs positifs sur l'homme. Je tenterai également de souligner la persistance d'oppositions structurantes (intérieur/extérieur, qualitatif/quantitatif, profond/superficiel) datant du début du siècle et de décrire leurs re-significations stratégiques par Bergson. 


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